Hypnose et consultation anti-douleur
 

Dr I. Nègre
DAR Bicêtre. Paris
Mis en ligne en mai 2001
 

La consultation adulte de l'unité anti-douleur s'est ouverte en 1996. A l'origine destinée aux patients après leur hospitalisation, cette consultation s'est rapidement ouverte aux malades qui n'avaient pas été hospitalisés.
 
Trois cent cinquante consultations sont effectuées chaque année, au rythme de 9 à 14 consultants par jour. Les patients sont soit d'anciens patients hospitalisés et suivis ensuite en consultation externe, soit des personnes extérieures n'ayant pas été hospitalisés. La proportion entre ces deux population est variable, actuellement 70 % des patients n'étaient pas connus de l'hôpital.
Les pathologies représentées sont extrêmement variées (douleurs cancéreuse, neurologique, neuropathique, migraines, post-traumatique, orofaciale, psychogènes). Cette consultation est donc devenue très généraliste malgré les tentatives de sélection lors des prises de rendez-vous. Face à ces demandes multiples, il paraît nécessaire de pouvoir proposer des aides thérapeutiques multiples.
L'hypnose s'est donc intégrée tout naturellement dans cet arsenal thérapeutique.
Si mes débuts ont été prudents, les résultats et le bon accueil des patients m'ont incitée à proposer de plus en plus fréquemment l'hypnose comme complément thérapeutique. Actuellement, 30 % environ (soit 3 à 4 séances par jour de consultation) des patients peuvent en bénéficier.
 
Quelques obstacles néanmoins limitent son utilisation
Le nombre de patients: face à l'importance de la demande de consultation douleur et l'impossibilité d'augmenter (pour l'instant) les créneaux horaires, je limite à 3-4 séances, complétant éventuellement par des séances dites courtes, comme nous le verrons plus loin.
Le pourcentage d'utilisation de l'hypnose n'est donc pas seulement fonction des indications, mais dépend davantage des conditions locales.
J'utilise l'hypnose soit à la demande du patient, soit de ma propre intention, toujours après une ou plusieurs consultations, après équilibration du traitement ou réalisation d'un bilan étiologique de la douleur.
 
Hypnose et consultation anti-douleur
 

En moyenne, 80 % des patients s'estiment améliorés. Cette amélioration peut porter sur le symptôme douloureux : le pourcentage d'amélioration moyen est de l'ordre de 40 % avec des extrêmes de 10 à 100 %. Même mineur, le pourcentage d'amélioration est appréciable dans la prise en charge de la douleur car il s'ajoute à l'amélioration due au reste de la prise en charge (médicaments, rééducation, psychothérapie).
Toute amélioration est précieuse.
L'hypnose est souvent un choc expérienciel pour ces patients. Après des mois, voire des années de douleur, l'expérience de 45 minutes de relaxation change leur vision des choses et modifie leur fonctionnement: meilleure gestion du stress, meilleure anticipation des examens douloureux, meilleure adaptation aux difficultés relationnelles.
De la même façon, il y a amélioration de l'équilibre personnel.
 
A l'inverse, les échecs existent.
* La demande d'hypnose d'emblée et exclusive
Dans le cadre des douleurs cancéreuses, elle procède souvent de l'ordre de la pensée magique. Elle peut être associée à un refus du traitement anticancéreux et est particulièrement difficile à gérer. Elle est reliée à la peur de la mort, bien sûr, à la peur de la morphine (mort fine) et relève du déni global de la maladie.
* Dans le cadre des douleurs non cancéreuses, souvent syndromes douloureux non étiquetés mais relevant d'un processus hystérique, la séance peut mettre en évidence une résistance, tendant à mettre en échec le thérapeute. La douleur est installée et tout l'environnement social, relationnel, familial, organisé autour d'elle. La demande de soulagement est plus de l'ordre de la quête sans fin, le patient étant inscrit dans une plainte interminable, toute réorganisation de sa vie étant exclue.
* La maîtrise "Docteur, faites taire de corps", c'est ce que m'a dit un patient souffrant de psoriasis. Après la 1ère séance, il en était couvert et m'a menacé de faire un procès. J'espère que ces quelques exemples et suggestions animeront le débat et nous aiderons à mieux aider nos patients, en élaborant peut être un guide d'entretien.
 
Conclusion
L'absence de certitude incite à l'humilité chez le thérapeute, et peut décevoir l'espoir du patient et compromettre d'autres types de prise en charge. Cependant, dans le cadre de la douleur, l'hypnose s'avère être un outil primant et indispensable.
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